
L'estime de soi
On sait que la confiance en soi est un des déterminants de la performance et pas seulement dans le domaine du sport. Ce qu'on sait moins, c'est qu'elle est une des composantes de l'estime de soi.
Cette dernière repose sur trois "ingrédients" : la confiance en soi, la vision de soi et l’amour de soi.
La meilleure synthèse nous a été fournie par un adolescent :"l’estime de soi, c’est comment on se voit, et si ce qu’on voit, on l’aime ou pas".
L'amour de soi : c’est le socle de l’estime de soi. S’aimer ne souffre aucune condition : on s’aime malgré ses défauts et ses limites, simplement parce qu’une petite voix intérieure nous dit que l’on est digne d’amour et de respect. Cet amour de soi "inconditionnel" ne dépend pas de nos performances, mais en grande partie de l’amour que notre famille nous a prodigué quand nous étions enfants (cf. Boris Cyrulnik, Les Nourritures affectives, Odile Jacob, 1993).
La vision de soi : c’est le regard que l’on porte sur soi, cette évaluation, fondée ou non, que l’on fait de ses qualités et de ses défauts. Une conviction que l’on a d’être porteur de qualités ou de défauts, de potentialités ou de limitations. C’est une force intérieure subjective dépendante de nos croyances (pensées que nous considérons comme vraies et personnelles et qui déterminent nos attentes et nos comportements).
La confiance en soi : être confiant, c’est penser que l’on est capable d’agir de manière adéquate dans les situations importantes. C’est la mise en action de l’estime. Elle est évaluable. Ne pas redouter l’inconnu ou l’adversité témoigne d’un bon niveau de confiance en soi.
Ces trois composantes de l’estime de soi entretiennent des liens évidents d’interdépendance : l’amour de soi (se respecter, écouter ses besoins et ses aspirations) facilite incontestablement une vision positive de soi (croire en ses capacités, se projeter dans l’avenir) qui, à son tour, influence favorablement la confiance en soi (agir sans crainte excessive de l’échec et du jugement d’autrui).
Notons ici que s’il n’est jamais facile de "bousculer un socle" (l’amour de soi), mais il est à la portée de chacun de modifier sa vision (donc sa force intérieure et ses croyances), et en retour de modifier le socle (l’amour de soi).
LES SYMPTOMES D’UNE MAUVAISE ESTIME DE SOI
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Difficultés d’adaptation : On n'est pas certain de pouvoir compter sur soi-même, donc les changements font peur. On se montre souvent rigide et fermé à toute nouveauté de peur de perdre une certaine forme de contrôle.
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Difficulté à admettre ses erreurs : On pense que les erreurs montrent notre peu de valeur, alors on refuse de les reconnaître ou même de les voir (je sais mais je mens pour me protéger).
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Etre aisément négatif : tendance à interpréter les choses de telle manière qu’elles confirment le peu de bien que les autres pensent de soi.
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Le désir d’avoir raison : afin de se rassurer sur ses compétences intellectuelles ou sa valeur morale. De telles croyances entraînent parfois hostilité et agressivité.
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Problèmes de communication : c’est la conséquence la plus désastreuse. De peur d’être "découverts", critiqués, jugés, on ne livre pas facilement ses idées, ses sentiments. Cela peut aller jusqu'à de l'affabulation dans le but de se valoriser (la mythomanie et la mégalomanie sont souvent des signes de manque d’estime de soi).
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Avoir du mal à croire en l’amour de l’autre : ce sentiment entraîne un sentiment de doute et de jalousie maladive.
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Une tension intérieure : donne une impression d’usure de soi.
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Un sentiment de solitude : du au sentiment d'incompétence qui rend vulnérable, fragile et qui finit par isoler.
Notre estime de soi et notre confiance se modifient au cours du temps, et nous avons le pouvoir de les faire évoluer positivement.
TESTEZ VOTRE PROPRE ESTIME DE VOUS !
Prenez quelques instants pour réfléchir aux trois séries de questions ci-dessous. Les réponses que vous fournirez seront autant d’indications sur l’estime que vous vous portez.
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Qui suis-je ? Quels sont mes qualités et mes défauts ? De quoi suis-je capable ? Quels sont mes réussites et mes échecs, mes compétences et mes limites ? Quelle est ma valeur, à mes yeux, aux yeux de mes proches, aux yeux des personnes qui me connaissent ?
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Comment je me vois ? Comme une personne qui mérite la sympathie ? Est-ce que je conduis ma vie comme je le souhaite ? Est-ce que mes actes sont en accord avec mes désirs et mes opinions ou existe-t-il un fossé entre ce que je voudrais être et ce que je suis ?
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Quand me suis-je senti dernièrement fier de moi, satisfait, heureux ? Quand me suis-je senti déçu de moi-même, mécontent et triste ?
QUEL ENTRAINEMENT MENTAL ?
Après avoir effectué un diagnostic à partir des questions ci-dessus, il faut reconstruire l’estime de soi. "Un con qui marche va toujours plus loin qu’un intellectuel assis" (M. Audiard)
Voici 4 thèmes et pistes de travail pour l'athlète lui-même :
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Se donner le temps (changer n’est pas compliqué mais long…)
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Cesser de se juger et identifier les croyances négatives
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Se parler, s’écouter, se respecter, se donner le droit de se tromper, de changer d’avis, de décevoir ou d’arriver à un résultat imparfait (autrement dit accepter la défaite)
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Redonner un sens à sa vie (trouver ses raisons d’être, c’est-à-dire rechercher dans vos objectifs prioritaires ce qui vous motive, ce qui correspond profondément à votre échelle de valeurs. Les raisons d’être sont le point d’appui de l’estime de soi et de la motivation.
Exercices à effectuer
Commençons par demander à l'athlète ce qui est le plus important pour lui ! Puis faisons lui décliner, par écrit, sa liste de "valeurs", par ordre d’importance. C’est un exercice extrêmement puissant !
Ensuite, voici une liste d'exercices utiles :
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Commencer par faire l’inventaire de vos rêves, de tout ce que vous voulez être, accomplir ou posséder.
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Passer en revue votre liste et faites une estimation du temps qu’il vous faudra pour atteindre ces objectifs.
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Choisissez pour l’année à venir vos quatre objectifs les plus importants.
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Analyser ces objectifs à la lumière des trois règles fondamentales de la définition d’un objectif : être précis, être atteignable, être rédigé de manière positive.
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Etablissez une liste des principales ressources dont vous disposez.
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Décrivez maintenant le genre de personne que vous devriez être pour atteindre vos objectifs.
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Notez ensuite en quelques lignes ce qui vous empêche d’avoir, en ce moment, ce que vous désirez.
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Prenez enfin le temps de réfléchir à chacun des quatre objectifs principaux que vous avez défini et d’établir, étape par étape, les plans qui vous permettront de les atteindre.
EN CONCLUSION
Une bonne estime de soi, pilier essentiel de la performance mentale et sportive doit être prioritairement travaillé par l’athlète en compagnie de son entraîneur et/ou du préparateur mental.
Un « ego » en bon état de marche est une protection de soi parce qu’il permet de mieux faire face à l’adversité, parce qu’il aide à une cicatrisation des blessures émotionnelles et qu’il a un effet favorable sur la santé.
L’estime de soi est finalement une forme d’intelligence de soi qui se travaille et qui permet de tirer le meilleur parti de ce que nous sommes.